Le Râteau de la Méduse

Rateau

Randonnée au pays de la soif - Avril 2006

Carnet de bord


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Mercredi 5 avril 2006 - De Lekhneiza jusque Eirech el Guebli, avec un arrêt à midi impromptu

1h du matin : le vent se lève, brutalement ! Vu sa violence, un petit repli est envisagé par les Féron derrière la crête. Mais après une course au matelas, ils font comme les Bingen et les Parisiennes : retraite sous la tente.

Les plus âgés s’enfoncent au fond de leurs sacs pour ne pas être trop ensablés.

Tout le monde termine la nuit comme il peut sous les claquements de la tente qui laisse quand même passer une partie du sable en suspension, ou enfoui sous les bourrasques.

Réveil à 5h45. Tout le monde, même les Mauritaniens, recherche et rassemble ses affaires parfois déplacées par le vent, enfouies sous le sable ou jetées en catastrophe dans la tente. Le râteau révèle toute son utilité.

Petit déjeuner sous la tente, car le vent souffle encore fort. Il ne diminuera que progressivement au cours de la matinée.

Départ à 7h20 : Sylvie mesure déjà 21º (sur le thermomètre qu’Abdoulaye lui a confié) alors que le soleil vient d’apparaître derrière les dunes et une brume pleine de sable.

Nadia, Sylvie et Jacques partent d’un bon pas suivis de Titanne, Catherine, Thierry et Ginette. Et Abdoulaye qui essaye de rassembler ses troupes.

Vers 9h, le groupe de tête s’arrête, constatant que même les chameaux ne sont pas en vue. Une fois tout le monde rassemblé, une bonne demi-heure de marche nous conduit à un puits en bordure d’une plaine verdoyante (du moins par rapport au reste du paysage). Il y a même un potager avec des tomates. Les chameaux, ânes et chèvres sont nombreux à pâturer dans cette immense prairie clôturée de barbelés.

L’eau étant abondante, Abdoulaye propose une bonne douche sur la tête des volontaires. Mais Sylvie relève déjà 35º à l’ombre.

La zone de granit noirci par le soleil qui fait face aux dunes que nous longeons pénètre profondément dans la zone de sable. Nous la traversons sous le soleil qui se réfléchit sur la pierre. À la sortie de cette zone, nous tombons sur deux 4x4 qui s’arrêtent.

Alain, affalé sur le chameau de tête, supplie pour qu’on le mette dans un de ces 4x4 qui lui semblent un purgatoire salvateur par rapport aux affres de l’enfer qu’il subit.

Longues palabres entre Abdoulaye , Alain et cette autre équipe Atalante dont la cuisinière est la petite sœur de notre Bébé. Les autres veulent bien prendre Alain pour la journée mais pas plus. Abdoulaye ne voulant pas le laisser livré à lui-même, nous nous séparons sans avoir abouti.

Pendant ce temps, l’heure a avancé et la température monté. Sylvie qui ressort son thermomètre le voit instantanément monter à plus de 45ºC.

Nous avançons de plus ou moins 200 m pour mettre la troupe à l’ombre de quelques bouquets de tamaris et d’acacias rabougris pendant que l’équipage monte rapidement la tente sous laquelle nous mangerons et ferons la sieste : il n’y a rien de mieux à faire !

Vers 14h30 la troupe sort d’une profonde torpeur. Alain, soigné par Abdoulaye, le remercie mais insiste gentiment pour être embarqué dès que possible dans un 4x4 vers Atar. La conversation se poursuit sur le ton:

Lee : « Avant de l’enterrer il ne faut pas oublier de récupérer les billets de train » .

«J’y avais pensé » réplique Alain.  Suivi de « Je suis tellement mal que je ne vois même plus le paysage ».

Thierry : « Ne t’en fais pas, on te montrera les photos sur le site Internet ».

Nouvelles répliques sur le beau paysage par Catherine : « Mais, je les ai déjà vues dans mon View Master ».

Alain propose que Sylvie et Nadia soient d'ores et déjà nommées randonneuses d’honneur, mais avec néanmoins un examen final à Atar sur les institutions belges et la pratique des belgicismes.

En attendant que le soleil se calme la conversation se poursuit sur la grande et surtout la petite histoire de notre monarchie.

Abdoulaye sent finement que le moment est venu de servir le thé.

Sylvie a relevé 40º à l’ombre bienfaisante de la tente.

À 17h45, les marcheurs partent avec Abdoulaye pour une très courte étape de moins de ¾ h. Bivouac dans de basses dunes entre les tamaris, acacias et autres petits arbustes. Les bagagistes qui sont là depuis midi nous servent un thé à l’arrivée. Au moins, Alain va mieux. À peine arrivé, il est debout et prend des photos.

Pendant le repas, Abdoulaye nous explique que nous sommes à Erg Tili (Erg du Nord) et que quand il pleut vraiment (août à octobre), l’eau qui descend des montagnes balaye les dunes de 2, 3 m de haut sur lesquelles nous bivouaquons. Les gens du village viennent alors semer et font une récolte, de mil, riz, …

À la fin du repas, le vent s’est à nouveau levé : plusieurs chambrées se réorganisent pour s’abriter mieux. En fait, le vent finit par tomber assez rapidement. La nuit sera calme et finira même fraîche. La plupart la finissent dans les sacs.

Sylvie mesure 26ºC à 5h45, alors qu’on a eu 32ºC pendant la nuit.


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